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讀不讀這封信呢

(2007-10-19 15:56:04) 下一個
下周一,即十月二十二日,按薩總統的意思,全法國的中學生要在課堂上讀一封信、在六十六年前的這個日子裏被德國納粹槍殺的最年輕的抵抗者、當時還是中學生的共產主義者Guy Môquet 在被處決前寫給家人的信。有不少人、不少學生和教師、反薩的和反共的,對於這次閱讀活動表示抵製。在下在《人道報》上看到這樣一篇曆史學者的文章,也還有趣,便轉了來。

Je lirai la lettre de Huynh Khong An…
Par Alain Ruscio, historien (*)

Je ne la lirai pas à mes élèves, puisque j’ai quitté l’enseignement il y a bien des années. Mais, oui, je lirai la lettre de Huynh Khong An, un patriote vietnamien, un communiste français et vietnamien. À mes proches, à mes amis et même, tiens, aux participants des 7e Assises de la coopération franco-vietnamienne qui commenceront, heureuse coïncidence, précisément ce 22 octobre, à Montreuil (1).

Huynh comment ? Peu de Français, peu d’historiens, peu de ses camarades de Parti connaissent son nom.

Il a pourtant avec Guy Môquet deux points, au moins, en commun : il était communiste et il a été fusillé à Châteaubriant, comme otage, le 22 octobre 1941. Il était, par rapport au jeune Guy, un vieux. Pensez donc, il avait vingt-neuf ans !

Né à Saigon, dans ce Vietnam que les colonialistes s’obstinaient alors à appeler Indochine, il était venu en France, à Lyon, pour y poursuivre des études. Qu’il réussit brillamment, au point de devenir professeur stagiaire de français. Non sans s’investir à fond dans la vie politique française. Membre du PCF, secrétaire des étudiants communistes de la région lyonnaise, il milite beaucoup, en particulier au sein des Amis de l’Union soviétique aux côtés de son amie et compagne Germaine Barjon. En 1939, après l’interdiction du PCF, il participe à la vie clandestine de son Parti.

Nommé au lycée de Versailles, c’est là qu’il est arrêté (les sources divergent : en mars ou en juin 1941), puis envoyé à Châteaubriant. La suite, terrible, est connue.

Voici sa lettre :

« Sois courageuse, ma chérie. C’est sans aucun doute la dernière fois que je t’écris. Aujourd’hui, j’aurai vécu. Nous sommes enfermés provisoirement dans une baraque non habitée, une vingtaine de camarades, prêts à mourir avec courage et avec dignité. Tu n’auras pas honte de moi. Il te faudra beaucoup de courage pour vivre, plus qu’il n’en faut à moi pour mourir. Mais il te faut absolument vivre. Car il y a notre chéri, notre petit, que tu embrasseras bien fort quand tu le reverras. Il te faudra maintenant vivre de mon souvenir, de nos heureux souvenirs, des cinq années de bonheur que nous avons vécues ensemble. Adieu, ma chérie. »

Il y a, à Paris, au Père-Lachaise, un monument érigé aux martyrs de Châteaubriant. Sous le nom de Huynh Khong An, une simple mention, d’ailleurs anachronique : Annamite.

Je livre cette courte évocation à la réflexion. Et si la présence d’un immigré, d’un colonisé, aux côtés des martyrs français, était un clin d’oeil de l’histoire ? Et si elle prenait valeur de symbole ? Le régime de Vichy qui a livré les otages ou les nazis qui les ont fusillés ont très certainement considéré avec mépris cet étranger venu se mêler aux terroristes. Lui ont-ils demandé de prouver, par son ADN, le droit de mourir pour la France ?

Je ne suis pas partisan du boycott de la lecture de la lettre de Guy Môquet. Mais lisons également, comme en écho, comme en réponse à la xénophobie qui (re)pointe son mufle, celle de Huynh Khong An, un étranger et notre frère pourtant.

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