致讀者 - 波德萊爾《惡之花

波德萊爾與巴黎

   Charles Baudelaire 1821-1867,法國象征派詩歌的先驅)

       置身巴黎,有一天怎能不邂逅波德萊爾?再讀他的《惡之花》,比之在國內霧裏看花又有不同。對比中文的翻譯,計劃一首首地拜讀《惡之花》詩冊的法語原文。但第一首詩《致讀者》就發現不同翻譯作者有不同的翻譯風格和句子結構,對詩的領會不盡相同,跟自己的理解也不是完全的相同。所以也躍躍欲試,想自己翻譯一下,因為實在喜歡這首詩字裏行間傳出的力量。

       這裏是姑妄試之的結果,原文每一節1和4句壓韻,2和3壓韻。我自譯的這首詩更希望在文意上和原文相附,而沒在音節上花心思。有感興趣的朋友,很高興可以共同探討。

《惡之花》-致讀者


愚蠢,誤,罪惡,吝嗇

占據著我們的心靈,折磨著我們的身體,

我們滋潤著自己可愛的悔恨,

就像乞丐喂養他們身上的白虱

 

我們的罪頑固不化,我們的悔懦弱疲塌;

在供詞得到了索求的豐厚報酬後,

快樂地  我們踏上泥濘的小路

自以為  廉價的眼淚洗去了我們所有的汙點。

 

惡的枕頭上,躺著三倍厲害的撒旦 -

他長久地撫慰著我們受魅惑的靈魂。

我們貴重金屬般的意誌,全部地

被這個高明的化學家化為輕煙。

 

是魔鬼用手裏的線牽著我們啊!

可憎的物品裏,我們發現的是誘惑;

每天,我們毫不恐懼地

穿過惡臭的黑暗,

向地獄邁進一步。

 

個可憐的蕩人親吻吮吸

老妓女受盡折磨的乳房

我們狠勁地握路上嚐到的

不可告人的樂趣,像在榨一個老桔子。

 

如百萬蠕蟲, 一群惡魔蟻聚擠壓

在我們的大腦裏,大吃大喝。

我們一呼吸,肺裏的死神

同無形的大河,

帶著沉悶的呻吟

奔流而

 

如果強奸毒殺匕首的可人圖案

都沒有點綴好我們可悲命運的平庸的油畫布,

那是因為我們的靈魂啊,

不夠大膽放肆。

 

在我們肮髒的罪的動物園裏,

魔怪們爬行在豺狼 虎豹母獵狗

猴子蠍子禿鷺毒蛇中,

尖叫著, 嚎著, 嗷著。


其中有一個最醜陋, 最狠毒, 最下流 !

他不大張旗鼓,也不尖叫,

卻會把大地變成殘片,

打著嗬欠,他能吞沒整個世界。


這就是“厭倦”!- 淚不由地盈滿眼框,

他抽著水煙筒,夢著斷頭台。

讀者,你認識這個難對付的魔怪

虛偽的讀者啊,

我的同類,–我的兄弟。


Au lecteur

La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,

Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère 
 



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